TECHNOLOGIE - HIGH-TECH

Comment l'IA s'invite dans l'immobilier

En France comme à l'étranger, de plus en plus d'entreprises immobilières réfléchissent à intégrer l'intelligence artificielle (IA) dans leur fonctionnement. Gain de temps et d'argent, anticipation et finesse au niveaux des estimations, les avantages de l'IA sont nombreux.

L'objectif est simple : gagner du temps et de l'argent. Plusieurs entreprises immobilières mènent une réflexion poussée afin d'intégrer l'intelligence artificielle (IA) dans leur fonctionnement. Néanmoins, la généralisation de l'IA à tous les étages dans l'immobilier n'est pas encore pour aujourd'hui. A l'occasion du Marché international des professionnels de l'immobiliers (MIPIM) de Cannes, qui se tenait du 12 au 15 mars 2024, il a beaucoup été question des avantages et inconvénients de cette technologie révolutionnaire. Lors du principal salon mondial des professionnels de l'immobilier, plusieurs entreprises ont mis en avant leur travail et leurs progressions réalisées grâce à l'intelligence artificielle.

Gagner du temps

Et il n'y a pas qu'en France que l'IA commence à gagner du terrain dans le secteur de l'immobilier. « C'est très important d'avoir de l'IA si on veut être compétitif, c'est crucial », insiste Morten Paarup, directeur technique de la société immobilière danoise Popbinder. La raison de vouloir rendre l'intelligence artificielle incontournable est peu surprenante : « Parce qu'on peut gagner tellement temps ». Cela fait déjà plusieurs mois que cette entreprise propose à ses clients, qui pour la plupart sont des administrateurs de biens, de faire appel à l'IA afin d'orienter automatiquement une demande vers la bonne personne, chercher une information dans un contrat de location, renseigner sur les caractéristiques d'un bien. « C'est un domaine dans lequel on améliore le temps passé à communiquer avec les clients », ajoute le patron scandinave.

En Amérique du Nord, où les grandes sociétés foncières résidentielles sont plus nombreuses qu'en Europe, les utilisations possibles de l'IA sont plus larges, comme le confirme d'ailleurs Salim Faroukh, le directeur de l'entreprise américaine Domain 6, qui travaille notamment avec Microsoft. Par exemple, l'intelligence artificielle peut analyser une masse de données publiques, grâce aux réseaux sociaux, afin de livrer une estimation sur la demande dans un quartier précis et offrir la possibilité aux propriétaires d'ajuster leurs loyers et de coller aux prix du marché.

Utile pour les bâtiments intelligents

Toutefois, comme l'admet Philippe Boyer, directeur de l'innovation de la foncière française Covivio, « le train immobilier ne va pas forcément aussi vite qu'on peut le voir dans d'autres secteurs ». Plus professionnalisées, les foncières de bureaux ont franchi le pas depuis plusieurs années. Elles ont pour objectif d'automatiser la gestion des paramètres énergétiques de leurs bâtiments. « Par exemple, savoir (...) le taux d'occupation moyen d'un espace dans un immeuble de bureaux, ça sert à anticiper le fait que ces salles de réunion vont devoir être chauffées, éclairées, nécessiter un certain nombre de services, en lien avec les datas collectées par le passé », détaille encore Philippe Boyer. Depuis environ une année, le groupe Schneider Electric favorise des dispositifs de gestion technique de bâtiment intégrant l'IA. « Ça amène plus de finesse et d'automatisation », explique Nathalie Champeaux, directrice marketing bâtiments intelligents chez Schneider Electric France. Par exemple, il est possible de connecter le pilotage du chauffage aux prévisions météo afin de pouvoir adapter la température en conséquence, au lieu de se limiter à une température de consigne et à des horaires prédéfinis.

Au niveau d'un équipement, l'intelligence artificielle permet également de détecter plus tôt un déclin de performance et ainsi d'adapter la maintenance. Cela peut être utile pour du matériel comme les panneaux solaires ou la ventilation.

Pour affiner les estimations

L'IA commence aussi à se faire une place dans l'immobilier résidentiel en particulier dans le traitement d'un volume de données qui peut rapidement devenir gigantesque. Pour les agences immobilières, l'IA peut leur permettre d'affiner les estimations d'un bien en fonction de paramètres beaucoup plus nombreux qu'à la main. « Le machine learning permet d'estimer beaucoup plus finement et de comprendre plus finement l'impact de chaque paramètre », estime Loeiz Bourdic, un dirigeant de la start-up suisse PriceHubble qui travaille avec de nombreux poids lourds du secteur. Il est par exemple possible de déterminer de combien la valeur d'un bien va augmenter dans le cas où il y a un balcon, exposition sud. Pour cela, des images ou des documents sont analysés par l'IA générative qui peut permettre d'extraire des données exploitables à partir de photos ou d'un document scanné. « On a encore besoin d'une littérature assez abondante quand il s'agit d'acheter ou céder des immeubles, de signer des baux, d'analyser des PLU (plans locaux d'urbanisme, NDLR) », détaille Philippe Boyer. « Et tout ça, la machine s'en occupe, sans aucune marge d'erreur, 1 000 fois, 10 000 fois plus vite que des humains ».

En conclusion, Philippe Boyer voit même plus loin au niveau des possibilités, ce qui aura aussi une conséquence sur la manière dont seront aussi passées les commandes. « Sans doute que dans l'avenir, les architectes demanderont à la machine de générer des images à partir de prompts. Tiens, produis moi un immeuble de bureaux dans telle zone, je voudrais 50% de végétalisation... ».

Photo | Pixabay

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