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Barcelone, comment mettre fin à la crise du logement ?

Entre le manque d'offres en locations de longue durée et des loyers très élevés, les Barcelonais peinent à se loger. La raison : un retard important pris en matière de politique du logement au niveau national et régional. Une situation encore renforcée, dans l'esprit des habitants de la capitale catalane, par le surtourisme et le nombre de logements dédiés aux visiteurs de passage.

Selon les dernières données de l'Institut national de la statistique (INE), le marché des transactions immobilières se porte bien en Espagne, avec une augmentation significative de 41,5 % en glissement annuel en septembre 2024. C'est le troisième mois consécutif de hausse des ventes, mais également la plus forte augmentation annuelle depuis août 2021 et le plus grand volume de transactions mensuelles depuis le pic du boom immobilier en juillet 2007. La tendance est la même pour la province de Barcelone avec une augmentation de 37,5 % d'une année sur l'autre. La Catalogne remporte aussi les suffrages auprès des acheteurs étrangers, en se plaçant cinquième région la plus populaire d'Espagne pour l'investissement selon les données du Registre de la propriété.

« Le marché immobilier espagnol est ultra dynamique pour l'achat vente, à l'image du marché économique dans sa globalité, d'autant que les prix restent relativement bas en comparaison d'autres destinations européennes, explique Romain Traversino, directeur de l'agence barcelonaise de J'achète en Espagne, un réseau d'agences immobilières francophones, accompagnant des acquéreurs francophones dans leur processus d'acquisition et les propriétaires de toutes nationalités pour la vente de leurs biens. Barcelone, c'est encore une autre réalité, c'est une très grande ville où le marché est plus mûr qu'ailleurs en Espagne. Mais il reste dynamique avec des prix en augmentation depuis plusieurs années, tout en étant très tendu en raison de la rareté des produits. »

Selon le portail immobilier Idealista en effet, le prix moyen des logements dans l'ensemble de la ville de Barcelone a clôturé le troisième trimestre 2024 à 4 561 euros par mètre carré, ce qui représente une augmentation de 9,8 % par rapport au prix moyen à la clôture du même trimestre en 2023.

Manifestations de grande ampleur

« C'est de bon augure pour les gens qui finissent par investir pour acheter une résidence principale, car les loyers sont très onéreux avec un marché locatif qui s'apparente à une jungle », constate le directeur d'agence. C'est un fait, les loyers barcelonais ne cessent d'augmenter avec un prix moyen à 22,4 €/m², soit une augmentation de 12 % par rapport à la fin septembre 2023... Et de 68 % en dix ans, selon la municipalité de Barcelone, alors que les salaires, eux, n'ont pas augmenté.

Face à ces hausses et à un marché locatif en perte de contrôle, les manifestations se multiplient : 20 000 Barcelonais sont ainsi descendus dans les rues en novembre dernier pour exiger une baisse des prix des loyers, sous les slogans « Avoir un logement n'est pas un privilège, c'est un droit ». Dans leur viseur, et dans celui des associations de droit au logement, syndicats et associations de locataires : le surtourisme - accusé de favoriser le manque d'accès au logement dans les quartiers du centre-ville - et une politique du logement jugée très insuffisante, arrivant trop tard pour enrayer la crise.

Rassurer pour pouvoir louer

En 2023, le gouvernement espagnol a approuvé une loi permettant de plafonner les loyers en zones tendues. Localement, l'ancienne maire Ada Colau (2015-2023) a quant à elle suspendu la délivrance de nouvelles licences d'appartements touristiques, et le nouveau maire Jaume Collboni a plus récemment décidé de les suspendre totalement à compter de novembre 2028, en parallèle de mesures visant à stimuler la construction de logements sociaux.

« C'est mal perçu du côté des loueurs et des professionnels de la location touristique, observe Romain Traversino. Il y a beaucoup d'emplois, avec tout un écosystème, qui en dépendent : services de conciergerie, ménage, sites internet... Pour moi, ce sont des mesures purement populistes qui ne solutionneront rien, car les appartements avec licence touristique représentent à peine 1 % du parc immobilier barcelonais. Les dernières décisions étatiques, régionales et municipales effraient les propriétaires qui auraient plutôt besoin de garanties. En conséquence, leurs logements sont retirés du marché, restent vides, ou alors ils sont vendus ou loués sur des contrats de moyenne durée pour ne pas être soumis au plafonnement. Il faut s'interroger sur ce qui peut être fait pour redonner à ces propriétaires l'envie de louer à long terme : une fiscalité encore plus adoucie, des garanties pour de la location longue durée - même si elle doit être plafonnée - des protections en cas d'impayés... »

Photo | Freepik

#Espagne

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#Politique du logement

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